Accueil des immigrés vieillissants
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 Immigré et désordre psychiatrique

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AuteurMessage
Zomater
Invité




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MessageSujet: Immigré et désordre psychiatrique   Immigré et désordre psychiatrique Icon_minitimeJeu 16 Oct - 16:55

Georges Devereux a écrit : « Une société perd sa capacité de survie lorsque le pourcentage d’individus qui souffrent de désordres psychiatriques liés aux défauts de cette société ou de cette culture y atteint le point de saturation. » On peut entendre par là que les désordres psychiatriques sont liés, plus qu'aux défauts, au fonctionnement de cette société. La position de l'immigré est-elle la position extrême de l'être humain devant se soumettre aux codes et impératifs sociaux de la société dans laquelle il essaie de s'insérer. Représentatif de la figure de l'enfant apprenant ces mêmes codes sociaux par la soumission (puis intériorisation) à un jeu social appris au sein de la famille, de l'école, de l'entreprise. En quoi l'apprentissage d'un autre jeu social fait-il resurgir les souffrances qui peuvent être liès à ces apprentissages dans l'enfance (déni de soi,...) et comment joue cette figure, cette place de l'enfant sur l'immigré dans nos institutions ? D'autant que nos petits vieux sont en l'occurence déjà souvent très infantilisé dans nos maisons de retraite (dans le sens où ils subissent souvent des désicions qui ne sont plus les leurs). L'exil du pays, de soi et la précarité se ressemble sur bien des points....Sur quelle base la médecine transculturelle peut-elle alors se construire sans infantiliser d'avantages l'autre ? Quelle position est tenable dans la mise à distance du maître du savoir et de l'individu objectivé ? Venir sur le terrain de l'autre est-ce la possibilité de la diminution de la projection d'un pouvoir sur l'autre (en l'occurence le médecin)? Et ceci peut-il entraîner une diminution des effets possibles et positifs du soins et de la relation ? Un autre point qui m'importe, moi qui travaille sur le versant de l'insertion professionnel, les différences culturelles en tant que différences de représentations sociales permettent-elles une mise en commun des intérêts et attentes pour avancer sur le chemin de l'insertion? En d'autres termes doit-on perdre chacun nos objectifs et notre vision du monde pour avancer vers un même but? Merci de m'avoir lu jusque là ! Et de me donner votre opinion !
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Nadège B
Invité




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MessageSujet: Réponse à Zomater   Immigré et désordre psychiatrique Icon_minitimeLun 27 Oct - 1:11

Votre message est effectivement très dense et touche à de nombreux axes de réflexion. Voici simplement mes réactions et positionnements.
- Concernant votre parallèle entre l’enfant et l’immigré qui ont en commun l’apprentissage des codes sociaux d’une société dans laquelle ils essayent de s’insérer, pour ma part, je modèrerais cette comparaison : certes ils sont en apprentissage, mais dans deux contextes différents. L’enfant apprend d’une famille et d’un environnement social conditionné : il hérite d’une histoire familiale, d’une langue, d’une manière de voir les choses et les autres (d’ailleurs propre à chaque milieu social et même à chaque famille autant qu’à chaque culture). C’est aussi le thème de l’œuvre de P. Bourdieu et de cet « héritage » de « capitaux ». L’immigré quant à lui a déjà reçu cet héritage une première fois de son pays et de sa culture d’origine. Il doit faire avec dans un monde en décalage. Il doit composer et désapprendre, réinterpréter et remettre en question son héritage. Ce n’est pas un simple apprentissage de codes sociaux nouveaux mais une structuration complexe qui d’ailleurs fait apparaître ses failles dans la vieillesse.
- Ces souffrances peuvent être liées au bilan d’une vie sacrifiée à la recherche d’une meilleure condition de vie pour soi et ses proches, même si c’est au prix d’un exil : quelles aspirations pour quels résultats aujourd’hui ? quels regrets du pays perdu et souvent idéalisé ? qu’est-ce qui se serait passé s’il n’était pas parti, avec le leurre que cela aurait été un meilleur sort que celui réellement vécu ? comment ne pas regretter de mourir ici ? quel héritage laisser aux enfants : comment accepter de vivre ici même si leurs parents ne cessent de vanter le pays perdu ? comment gérer cet « héritage paradoxal », être nés et grandir dans un pays que leurs parents ont rejoint mais avec la seule idée de le quitter…
- Par rapport à cette idée d’infantilisation, il me semble important de souligner que l’immigré en institution (j’entends établissement d’hébergement pour personnes âgées et foyers de travailleurs migrants) façonne aussi les règles. Cette idée d’infantilisation est certes fondée mais il ne faut pas s’arrêter à cette observation. En effet, l’immigré est souvent en repli ou en isolement, mais dans ce rapport à l’institution, il sait exercer une « adaptation secondaire intégrée » (voir E. Goffman dans « Asiles ») : ils acceptent les structures organisationnelles mais savent aussi organiser une stratégie parallèle. Par exemple, ils arrivent à faire glisser le personne soignant d’une relation professionnelle à une relation interpersonnelle et affective.
- Sur le thème de la médecine transculturelle, mon impression est moins en terme de pouvoir que d’élargissement du soin, allant du technique vers plus d’humanité : le corps devient moins objet physique qu’une entité globale avec son âme. Je trouve justement que le médecin (au sens classique : biomédecin) perd de son pouvoir pour quelque chose de plus fluctuant et de moins cartésien, et pour partager le soin avec d’autres compétences (anthropologue, psychologue, interprète…) pour une prise en soin globale et individualisée.
Peut-être pourriez-vous joindre l’association Mana (Dr Mestre, CHU de Bordeaux, 9 cours d’Albret 33 000 Bordeaux) qui exerce la médecin transculturelle auprès de populations immigrées, jeunes et âgées, et en se basant aussi sur l’ethopsychanalyse complémentariste de G. Devereux.
- Enfin, je discuterais sur la perte des visions respectives du monde pour une troisième commune aux deux personnes. S’il s’agit de la perte des deux visions différentes pour une troisième uniformisée, cette mondialisation est appauvrissante. Mais cette mondialisation est beaucoup plus séduisante si cette vision commune est composée d’un peu de chacun et donc que chacun s’y retrouve et s’y reconnaît. En l’occurrence, il est primordial aujourd’hui que la société française puisse reconnaître ce qu’a apporté chaque immigration de manière à ce que chacun trouve sa place, et que la mémoire collective accepte chacun avec sa richesse. C’est ce à quoi peut aussi servir des oeuvre grand public comme « Indigènes » : façonner la mémoire collective pour qu’elle soit moins ingrate et plus ouverte. C’est toute la question du vivre ensemble qui est posée : le chapitre 3 du livre sur le défi de la démocratie culturelle et sur l’épreuve de l’interculturel peut alimenter cette réflexion.
En espérant avoir pu apporter quelques pierres à l’édifice de votre réflexion. Certaines personnes rencontrées pour l’élaboration du livre ou certaines références pourront peut-être également vous apporter.
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